Gilles Trudeau, ex-directeur des communications pour l’élection de 1982

Je me rappelle.
C’était en 1982, il y a de cela 32 ans. J’en avais 36.
Bien sûr, le temps a émoussé le principal, mais quelques souvenirs demeurent, comme de vieux éclairs de magnésium qui incrustent encore ma mémoire.

Je me rappelle la défaite de cette première campagne pour Jean Doré. Je me rappelle ce coup de fil du matin où Jean-Robert Choquet m’apprenait que notre bon maire Drapeau offrait des déjeuners dans les parcs de la ville à une semaine du vote. Nous pensions vraiment qu’il avait fait son temps après sept mandats. Eh bien non, il lui en fallait un huitième !

Je me rappelle le café de Christiane un autre matin vers 5 heures. J’avais dormi sur le sofa du salon pour repartir à l’aube en tournée des morning man radio avec Jean.

Je me rappelle le plan de communication où j’avais prévu une forte présence publicitaire au cours de la campagne. J’avais réservé suffisamment de temps d’antenne à Montréal pour alimenter la rumeur dans les rangs adverses que le RCM avait les reins solides et préparait une « maudite grosse » campagne. Je me rappelle avoir retenu les représentants médias le plus longtemps possible jusqu’au moment où tout le monde a compris que le RCM n’achèterait rien puisque nous étions sans le sou.

Je me rappelle les difficultés que nous avions à mettre certains journalistes de notre bord. Jean possédait tellement ses dossiers que ces derniers sortaient des scrums frustrés que le brillant candidat en sache beaucoup plus qu’eux.

Je me rappelle cette belle gang d’anglophones – Michael Fainstat en tête – et de francophones qui apprenaient à travailler ensemble, ce que peu de partis politiques réussissent encore aujourd’hui.

Je me rappelle cette trouvaille de Jean qui qualifiait Montréal de ville améropéenne pour décrire le formidable métissage qui définit encore aujourd’hui le caractère unique de notre ville.

Je remercie tous les artisans de cette époque, et bien sûr, Jean Doré. Merci de m’avoir permis de vivre intensément ces deux ou trois mois d’une première élection. Nous l’avons échappée, mais quand on connaît la suite, faut croire que la semence avait trouvé le bon terreau !

Gilles Trudeau